“Justice Retenue : L’Injustice des Détentions Provisoires” (Commentaire)

Honorables lecteurs,

Aujourd'hui, ma voix vous parvient non pas d’une salle d’audience, mais directement à l’antenne, pour soulever une question cruciale qui nous concerne tous : celle des longues détentions préventives.

Si ma voix vous parvient, sachez qu’elle porte l’écho de ceux qui, sans jugement, languissent derrière les barreaux. Les longues détentions, qui privent nos frères et sœurs de leur liberté, sont une tache sur le tissu de notre justice. La détention provisoire, souvent prolongée, est équivaut à une condamnation sans jugement.

Il est temps que la Cour de l’opinion publique se penche sur cette question. Considérons non seulement la légalité, mais aussi la moralité de maintenir en détention des individus pour des périodes qui excèdent souvent le temps d’une peine pour un crime avéré. Selon Pape Demba Kandji, directeur des affaires criminelles et des grâces, sur environ les 15 000 prisonniers que compte la population carcérale, 6 000 sont en détention provisoire. Ces individus attendent un jugement, parfois pendant des années, sans savoir s’ils seront reconnus coupables ou innocents. Un cas emblématique en 2009. Dans l’affaire de la bande d’Alex et Ino, après presque dix ans de détention provisoire, treize personnes ont bénéficié d’un non-lieu total. Cette longue attente est plus qu’un simple délai ; c’est une véritable épreuve. Imaginez le poids de ces années perdues, les souvenirs qui s’effritent, les liens familiaux qui se distendent.

Des milliers de personnes sont enfermées dans nos prisons, reléguées à une existence indigne d’un être humain. Imaginez, Mesdames et Messieurs, un homme ou une femme, arraché(e) à sa famille, à ses rêves, enfermé(e) dans une cellule, attendant, attendant encore, jour après jour, année après année, dans l’incertitude la plus totale. Chaque aube qui se lève derrière ces barreaux est un rappel brutal de la fragilité de notre humanité. La liberté, ce mot qui danse sur nos lèvres, qui résonne dans nos poitrines, est-il un privilège ou un droit fondamental ? Leurs rêves sont-ils moins précieux, leurs espoirs moins légitimes ? Chaque jour passé derrière les barreaux sans jugement est une gifle à notre humanité, une insulte à nos valeurs de liberté, d'égalité, et de fraternité.


Si ces ondes vous atteignent, qu’elles portent avec elles cet appel collectif à la justice. Aujourd’hui, il ne s’agit pas seulement de chiffres et de statistiques, mais de vies humaines, de destins brisés, d’espoirs éteints, de vies mises en pause. Derrière les barreaux, l’espoir s’amenuise et la dignité s’effrite. Il est temps d'agir, de réformer, de redonner espoir à ceux qui l’ont perdu. Nous devons exiger des procédures judiciaires plus rapides, plus efficaces, et surtout plus justes. Nous devons veiller à ce que chaque individu, peu importe son origine, son statut social ou son passé, ait droit à un procès équitable dans les plus brefs délais.

Honorables auditeurs, aujourd’hui, nous sommes réunis pour plus que des mots. Nous sommes réunis pour l’action. Il nous appartient à tous de faire résonner cette cause, de dénoncer l'injustice et de promouvoir une société où la dignité humaine est respectée. Levons-nous pour ceux qui ne peuvent pas le faire, faisons entendre la voix de ceux qui sont réduits au silence. Ensemble, nous pouvons changer les choses. Ensemble, nous pouvons faire en sorte que la justice soit véritablement juste, rapide et humaine. Pensez à cela : chaque jour de détention provisoire prolongée est un jour de trop. C’est un jour où une mère est séparée de ses enfants, un jour où un père manque de voir grandir ses enfants, un jour où un jeune homme ou une jeune femme voient leurs rêves se dissiper. Que chaque juge entende ce plaidoyer pour l’équité, que chaque citoyen se fasse l’écho de cette quête de dignité. Que la justice soit rendue rapidement et équitablement, que chaque personne ait le droit à un procès dans des délais raisonnables.

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