Les caravanes du devoir
À la veille des élections législatives, l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) vibre au rythme d’une mobilisation exceptionnelle. Des milliers d’étudiants quittent le campus pour rejoindre leurs localités de vote grâce à des caravanes spécialement organisées. Une initiative marquée par un engagement citoyen fort, reflet de la prise de conscience politique croissante chez les jeunes Sénégalais.
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Entrée grande porte ucad |
Sous un soleil écrasant, l’avenue Cheikh Anta Diop se transforme en un vaste carrefour de départs. Ici, valises, sacs et ballotins s’empilent. Là, des centaines d’étudiants s’organisent, alignés dans des files interminables. L’atmosphère est rythmée par des éclats de voix, des discussions animées et des mouvements incessants.
Cheikh Ndiaye, étudiant en licence de géographie, attend patiemment son tour pour embarquer : « Cela fait trois heures que j’attends, mais c’est une question de devoir. Voter est une responsabilité citoyenne, surtout pour nous, la jeunesse. ». À quelques mètres de lui, Aminata Sarr, en deuxième année de droit, partage la même ferveur : « Nous venons de régions éloignées. Ces caravanes sont une chance, car sans elles, beaucoup n’auraient pas pu retourner chez eux pour voter. »
Des initiatives organisées et soutenues
Ces caravanes sont en grande partie financées par des associations étudiantes et des acteurs politiques. Dans un contexte où les moyens de transport manquent souvent, elles s’avèrent indispensables pour faciliter les déplacements.
Modou Fall, organisateur et membre d’une coordination estudiantine, explique :
« Nous avons travaillé avec des partenaires pour affréter des bus. L’idée est de permettre à un maximum d’étudiants de participer aux élections, car leur voix compte. »
Cependant, l’organisation n’est pas sans défis. L’attente est parfois longue, et la logistique, complexe. Mais malgré les retards, la détermination des étudiants reste intacte.
Une prise de conscience politique accrue
Au-delà des enjeux logistiques, cette mobilisation reflète une réalité sociologique importante : la jeunesse sénégalaise s’intéresse de plus en plus à la politique. Cette génération a compris que son vote peut faire la différence. Leur implication est un signal fort pour les acteurs politiques.
Même constat pour Fatoumata Gaye, étudiante et responsable de la plateforme Vote Jeune Sénégal : « Les étudiants ne se contentent plus d’être spectateurs. Ils veulent être des acteurs du changement. Ces caravanes en sont la preuve. »
Une diversité qui s’exprime aux urnes
Avec ces départs, l’Université Cheikh Anta Diop, microcosme du Sénégal, dévoile toute sa diversité. Chaque étudiant retourne vers ses racines, renforçant ce lien intime entre appartenance locale et citoyenneté nationale.
Dans les bus qui s’éloignent du campus, le sentiment général est unanime : faire entendre sa voix. Pour Boubacar Sy, étudiant en master de sociologie : « Nous venons d’horizons différents, mais nous avons un objectif commun : participer à la construction de notre pays. »
À l’UCAD, ces caravanes du devoir sont bien plus qu’un simple moyen de transport. Elles symbolisent une jeunesse engagée et consciente de son rôle dans le processus démocratique. À travers ces déplacements, les étudiants rappellent que voter, c’est aussi affirmer son identité et son appartenance à une nation en quête de progrès.
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