"Novembre Bleu" : Briser le silence autour du cancer de la prostate au Sénégal
Chaque année, le mois de novembre se pare de bleu pour sensibiliser sur une cause encore méconnue : la santé masculine, et plus particulièrement le cancer de la prostate. Au Sénégal, cette maladie représente un défi de santé publique majeur. Bien que l’espérance de vie augmente, le dépistage précoce reste faible, en raison des tabous culturels et du manque d'information. Pourtant, selon le Professeur Papa Ahmed Fall, urologue à l’hôpital Dal Jaam, « à partir de 45 ans, le dépistage est impératif ».
Le cancer de la prostate est la deuxième cause de mortalité par cancer chez les hommes dans le monde. Au Sénégal, le contexte socioculturel accentue la gravité de cette pathologie. « Beaucoup d’hommes hésitent à consulter, par pudeur ou par crainte », souligne le Pr Papa Ahmed Fall. Les symptômes, souvent discrets dans les premiers stades, peuvent inclure des troubles urinaires, des douleurs pelviennes ou encore la présence de sang dans les urines. « Connaître ces signes peut sauver des vies. Le dépistage, lui, permet de détecter la maladie avant l’apparition de ces symptômes », ajoute-t-il. Le Pr Fall insiste sur l'importance du dépistage dès 45 ans, notamment pour les hommes ayant des antécédents familiaux. Mais au-delà de l'âge, c'est la nécessité de lever le voile sur cette maladie qui s'impose.
Des avancées dans la prise en charge
Ces dernières années, les progrès en oncologie offrent de nouvelles perspectives. À l’hôpital Dal Jaam, des traitements innovants, allant de la radiothérapie ciblée à des interventions chirurgicales de pointe, permettent aujourd’hui d'améliorer significativement le pronostic des patients.
« Nous avons parcouru un long chemin », déclare le Pr Fall. « Grâce aux avancées médicales, nous pouvons proposer des traitements adaptés à chaque stade de la maladie. Mais cela ne suffit pas si les patients arrivent à un stade avancé, où les options thérapeutiques sont limitées. »
Cette évolution des traitements nécessite également une collaboration interdisciplinaire. Urologues, oncologues, radiologues et psychologues travaillent main dans la main pour offrir un accompagnement global aux patients. Cependant, l'accès à ces soins reste inégal.
La prise en charge du cancer de la prostate représente un défi financier pour de nombreux Sénégalais. Les traitements, souvent coûteux, ne sont pas toujours couverts par les assurances ou les programmes publics. Ce frein économique aggrave les inégalités dans l'accès aux soins.
« Il faut que les campagnes de sensibilisation intègrent aussi une dimension sociale », plaide le Pr Fall. « Informer, c'est bien, mais il faut aussi accompagner les patients dans leur parcours, notamment en facilitant l'accès aux soins. »
Le rôle essentiel de la sensibilisation
Le mois de Novembre Bleu vise à combler le vide laissé par le manque d'information sur le cancer de la prostate. À travers des conférences, des campagnes médiatiques et des consultations gratuites, les acteurs de la santé espèrent réduire les tabous et encourager les hommes à se faire dépister. Mais la tâche n’est pas simple. « Il est crucial d’éduquer la population pour normaliser le dialogue autour de la santé masculine », explique le Pr Fall.
Dans les couloirs de l’hôpital Dal Jaam, le Pr Fall regarde avec optimisme les résultats des récentes campagnes de sensibilisation. « Les mentalités évoluent lentement, mais elles évoluent. De plus en plus d'hommes viennent se renseigner, poussés par leurs familles ou par les messages relayés dans les médias. » Pourtant, le chemin reste long. Sensibiliser les populations, lever les tabous, réduire les coûts des soins et améliorer l'accès aux traitements sont autant de défis à relever.
Novembre Bleu n’est pas qu’un simple symbole. C’est un appel à l’action pour sauver des vies. En encourageant les hommes à se faire dépister, en améliorant l'accès aux soins et en brisant les tabous, le Sénégal peut espérer réduire l'impact dévastateur du cancer de la prostate. « La lutte contre cette maladie commence par une chose : le dialogue », conclut le Pr Fall.
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