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Les caravanes du devoir

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À la veille des élections législatives, l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) vibre au rythme d’une mobilisation exceptionnelle. Des milliers d’étudiants quittent le campus pour rejoindre leurs localités de vote grâce à des caravanes spécialement organisées. Une initiative marquée par un engagement citoyen fort, reflet de la prise de conscience politique croissante chez les jeunes Sénégalais . Entrée grande porte ucad Sous un soleil écrasant, l’avenue Cheikh Anta Diop se transforme en un vaste carrefour de départs. Ici, valises, sacs et ballotins s’empilent. Là, des centaines d’étudiants s’organisent, alignés dans des files interminables. L’atmosphère est rythmée par des éclats de voix, des discussions animées et des mouvements incessants. Cheikh Ndiaye, étudiant en licence de géographie, attend patiemment son tour pour embarquer : « Cela fait trois heures que j’attends, mais c’est une question de devoir. Voter est une responsabilité citoyenne, surtout pour nous, la jeunesse. »...

Journée Mondiale du Diabète : Le cri du cœur des patients à l’hôpital Abbas Ndao

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C’est un combat silencieux mais permanent. À l’occasion de la Journée Mondiale du Diabète, l’hôpital Abbas Ndao a accueilli malades, médecins et décideurs publics pour un événement dédié à la sensibilisation et à la lutte contre une maladie qui progresse inexorablement au Sénégal. Dans une salle comble, l’attention est captée par le témoignage bouleversant d’une octogénaire. Diabétique depuis 25 ans, elle partage avec émotion les sacrifices imposés par la maladie : les injections d’insuline quotidiennes, les visites médicales répétées, les privations alimentaires. « Je me bats chaque jour pour maintenir mon taux de sucre à un niveau stable, mais ce n’est jamais facile », confie-t-elle, les yeux brillants d’une détermination admirable. Ces récits humains rappellent que vivre avec le diabète ne se résume pas à des chiffres sur un glucomètre, mais à une lutte constante pour préserver sa santé et sa dignité. Le combat contre le diabète passe aussi par une meilleure prévention et une éducat...

Cité Imbécile : Les cicatrices d’un déguerpissement

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Il y a cinq mois, au cœur de Yarakh, la Cité Imbécile tombait sous les coups des bulldozers. Ce bidonville, longtemps perçu comme une zone insalubre par les autorités, était bien plus qu’un amas de tôles et de bois pour ses 3 000 habitants. Aujourd’hui, alors que les ruines persistent, les voix des anciens résidents et des voisins racontent un récit de mémoire, de perte et d’incertitude. La Cité Imbécile Les premiers rayons de soleil éclairent un terrain désormais désertique, où s’entrelacent herbes folles et gravats. Jadis un labyrinthe vibrant de vie, ce lieu, qu’on appelait la Cité Imbécile, n’est plus qu’une étendue de terre battue, témoin silencieux de ce qui a été détruit. Sous la poussière soulevée par le vent, quelques objets brisés, des morceaux de tôles rouillées, une chaussure d’enfant oubliée rappellent la présence humaine qui animait cet endroit il y a encore six mois. Une mémoire effacée, mais persistante Au centre de cette scène, Fatoumata, une ancienne résidente, s’arrê...

"Novembre Bleu" : Briser le silence autour du cancer de la prostate au Sénégal

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Chaque année, le mois de novembre se pare de bleu pour sensibiliser sur une cause encore méconnue : la santé masculine, et plus particulièrement le cancer de la prostate. Au Sénégal, cette maladie représente un défi de santé publique majeur. Bien que l’espérance de vie augmente, le dépistage précoce reste faible, en raison des tabous culturels et du manque d'information. Pourtant, selon le Professeur Papa Ahmed Fall, urologue à l’hôpital Dal Jaam, « à partir de 45 ans, le dépistage est impératif ». Le cancer de la prostate est la deuxième cause de mortalité par cancer chez les hommes dans le monde. Au Sénégal, le contexte socioculturel accentue la gravité de cette pathologie. « Beaucoup d’hommes hésitent à consulter, par pudeur ou par crainte », souligne le Pr Papa Ahmed Fall. Les symptômes, souvent discrets dans les premiers stades, peuvent inclure des troubles urinaires, des douleurs pelviennes ou encore la présence de sang dans les urines. « Connaître ces signes peut sauver des ...

Les "perles rares" du Sénégal : Les métiers traditionnels en voie de disparition

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Les forgerons, les tisserands, les sculpteurs sur bois... Ces métiers ancestraux qui ont forgé l’identité culturelle du Sénégal sont aujourd’hui confrontés à un défi de taille : la modernité. Une génération après l’autre, ces savoir-faire, pourtant porteurs d’histoire et de mémoire, se retrouvent peu à peu oubliés. Mais certains artisans, véritables "perles rares", continuent de résister et de transmettre leurs connaissances. Cette lutte pour la sauvegarde du patrimoine est au cœur d’une dynamique qui implique artisans, jeunes générations et institutions. Des artisans au cœur de la tradition Au détour d’un atelier de Dakar, entre les étincelles d’une forge et les fils de coton colorés d’un métier à tisser, les maîtres artisans sénégalais perpétuent des gestes ancestraux. El Hadji Ndiaye, un forgeron reconnu de la région, dépeint avec passion son art. « Le fer, c’est mon âme. Chaque pièce que je forge porte l’histoire de mon peuple », explique-t-il en montrant des haches et de...

Le tissage des filets : des mains expertes au service de la pêche

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À Mbao, le tissage des filets de pêche est bien plus qu’un simple métier : c’est une tradition séculaire qui soutient l’économie locale et façonne l’identité des communautés côtières. Dans les ateliers improvisés, des mains expertes s’activent pour créer ces outils indispensables à la pêche artisanale. Mais face à la modernisation, au coût élevé des matériaux et aux défis environnementaux, cet artisanat est aujourd’hui menacé. Plongée dans un univers où chaque nœud tissé raconte une histoire, entre transmission, résilience et survie. Un art entre terre et mer Sous l’ombre des cocotiers de Mbao, les gestes ancestraux se perpétuent. Ici, le tissage des filets de pêche n’est pas qu’un travail : c’est une chorégraphie précise, un art que le temps n’a pas réussi à effacer. Ces filets, essentiels à la pêche artisanale, ne sont pas de simples outils, mais les fruits d’un savoir-faire transmis de génération en génération. Entre murmures du vent marin et cliquetis des aiguilles en bois, un héri...

Les fameux cent premiers jours de la presse

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Décidément, la silhouette famélique de la presse sénégalaise contraste avec l’opulence des attentes du public. En quête incessante de victuailles sensationnelles pour alimenter ses colonnes, elle se laisse souvent emporter par des élucubrations précipitées et des bévues répétées. Même élu pour 1 825 jours, le président Bassirou Diomaye Faye n’échappe pas au bilan des cent jours. L’exercice est quasiment devenu une symbolique incontournable, notamment dans les milieux journalistiques. Soit encore, le pouvoir bicéphale sénégalais peut d’autant moins s’y soustraire qu’il a promis une rupture radicale à pas cadencé. La pratique singulière des ‘’cent premiers jours’’ s'est enracinée dans le paysage médiatique sénégalais. Cet exercice, hérité de la tradition française, consiste à dresser un bilan préliminaire des actions du nouveau chef d'État. La tradition a une logique dans le système politique français, mais son transvasement au Sénégal est artificiel. Pourquoi calquer nos pratiqu...